Miloud Chorfi, président de l’Autorité de régulation de l’audiovisuel, a rencontré dimanche 19 avril les directeurs des chaînes télévisées d’Ennahar et El Djazaïria. Ces deux rencontres font partie d’une série de réunions visant à faire connaître le rôle et les prérogatives de l’instance présidée par Miloud Chorfi, par ailleurs député à l’APN, ainsi que son mode de fonctionnement.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Lors de sa rencontre avec le directeur d’Ennahar, le président de l’Autorité a souligné l’impératif de « transmettre avec objectivité et professionnalisme l’information aux citoyens, loin de tous parti pris, invectives ou diffamation, conformément à la charte d’éthique de la profession ». Au directeur de la chaîne El Djazaïria, Chorfi a lancé un avertissement verbal pour « dérives répétitives » d’une émission hebdomadaire diffusée sur la chaîne.
Il y a, cependant, un problème qui se pose dans la démarche du président de l’Autorité de régulation de l’audiovisuel. Les chaînes de télévision ne disposent en effet pas d’agrément ou d’accréditation qui régulariserait leur situation en leur donnant un statut officiel en Algérie.
Dans un tel contexte, le président de l’Autorité s’adresse à des chaînes de télévisions privées dont le siège social est situé à l’étranger et n’a, en conséquence, pas de consignes à donner à ces chaînes tant qu’elles ne sont pas régularisées. Peut-on par exemple imaginer Miloud Chorfi convoquer le directeur du bureau d’Alger de Canal Plus afin de l’avertir verbalement sur des « dérives répétitives » des Guignols de l’info, comme il l’a fait pour l’émission « Weekend » d’El-Djazaïria, au contenu parfois satirique et sarcastique ?
Pour pouvoir prétendre avoir un droit de regard sur le contenu des chaînes privées travaillant en Algérie, l’Autorité de régulation et son président doivent d’abord s’atteler à régler la question pressante du statut de ces chaînes et arrêter de les maintenir dans le flou juridique actuel, qui permet de planter une épée de Damoclès au-dessus de leurs têtes par la menace de cessation de leur activité en Algérie à n’importe quel moment. Ce qui peut s’apparenter à des tentatives de censure.